Il ne suffit pas toujours de vouloir pour pouvoir. Mais, si on le veut vraiment très fort, il est alors possible de devenir chevalier. Il est rare que cette vocation se manifeste à l’âge adulte. La plupart du temps, c’est un désir qui apparaît dès la plus tendre enfance, en voyant défiler les cavaliers sur leur monture, avec leurs épées luisantes et leur virilité impressionnante. Pour devenir protecteur de Sa Majesté, l’entraînement comment donc dès le plus jeune âge, aussitôt que l’enfant manifeste son envie d’être sacré chevalier. Placé sous la protection d’un maître d’armes, le futur guerrier suit une formation de toute une vie, apprenant à manier l’épée et augmentant sa force physique. Son éducation se fait selon les valeurs d’un défenseur de sa cité, et le petit enfant devient rapidement un homme, fort, respectable et respecté. Il devra toutefois attendre sa majorité pour recevoir son épée. Ce rite marque le jour le plus important de sa vie, car il s’y voit remettre une mission qui déterminera si oui ou non il pourra devenir chevalier. Le jeune homme doit alors partir, seul, affronter tous les dangers et en ramener une preuve de sa bravoure. S’il réussit l’épreuve, le roi en personne le nomme chevalier, et lui offre son épée, taillée par les plus grands armuriers en fonction de son caractère et de son habilité, ainsi que son premier cheval, sélectionné avec soin pour s’entendre avec son cavalier. Ce jour-là reste à jamais gravé dans la mémoire de tous les chevaliers, car elle représente l’aboutissement de tant d’années de souffrance, d’exercice, et la réalisation d’un rêve, d’une vie.
A partir de ce jour-là, leur mission n’est autre que celle de protection.

N’est pas dragonnier celui qui le désire mais celui dont le cœur appartient au ciel. Il s’agit d’un don précieux qui ne peut se transmettre que de façon héréditaire, mais qui n’affecte pas pour autant tous les enfants d’une même portée. Et c’est lors de son quatorzième anniversaire qu’un enfant sait s’il est destiné ou non à chevaucher un jour une de ces splendides créatures: si ce matin-là, en se réveillant, un nom hante ses pensées, et s’il parvient à appeler le dragon qui l’a ainsi choisi en lui murmurant son nom dans ses rêves, alors cet enfant a un cœur de dragonnier. Pour lui, l’histoire ne fait que commencer, une incroyable aventure qui le liera à tout jamais à cet animal mythique.
Dragons et dragonniers sont reliés par une connexion particulière, tissée de liens d’amitié et de fidélité. Un dragon ne peut avoir qu’un seul maître, de même qu’un dragonnier ne peut avoir qu’une seule monture. On ne peut parler de l’un sans l’autre, car ce serait comme évoquer le jour sans jamais parler de la nuit. En effet, ces deux êtres sont à la fois semblables et complémentaires, unis dans un même combat qui les mènera tous deux à la vie ou à la mort. Entre eux, les mots sont inutiles, ils se connaissent comme jamais personne d’autre n’arrivera à les connaître, et leurs pensées muettes communiquent entre elles dans le silence le plus total.
Mais être dragonnier, ce n’est pas simplement survoler la contrée depuis les nuages. Être dragonnier, c’est être son propre maître, c’est apprendre à ses risques et périls à monter un dragon, et c’est s’engager cœur et âme dans un combat au nom de la liberté. Car, si en théorie un dragonnier n’obéit qu’à lui-même, dans la conjoncture actuelle, il a dû mettre sa vie au service du roi, et sa mission n’est autre que de protéger le peuple. Mais, en ces temps obscurs, certains dragonniers ont voulu retrouver leur souveraineté et se sont alliés aux sorciers pour être à nouveau indépendants et ne recevoir d’ordres de personne.
En d’autres termes, les dragonniers, admirés par ceux qui n’ont jamais vu la terre depuis le ciel et respectés pour leur courage, sont également craints à cause de la puissance de leur monture et de ce lien invisible qui les unit contre tout entendement.